Flash marché : La prudence reste de mise sur les actions françaises au lendemain du 1er tour des législatives

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Le RN et le NFP sont arrivés en tête du 1er tour et verront leurs effectifs croître au Parlement français. La configuration politique de l’Assemblée Nationale à l’issue du second tour le 7 juillet prochain est encore très incertaine en raison de l’explosion des triangulaires.

Le résultat définitif dépendra des stratégies de désistement qui se précisent et visent à réduire le nombre d’élus RN en retirant des candidats arrivant en troisième position si le RN est en tête (approche retenue par les principaux partis constituant le Nouveau Front populaire, et dans une certaine mesure par Ensemble !. La confirmation du respect de cette approche dans chaque circonscription et la question des reports de voix restent incertaines. Le scénario d’une majorité absolue pour le RN a perdu en probabilité et il semble désormais très peu probable pour le NFP.  Notons qu’aucune nouvelle dissolution ne pourra avoir lieu avant juillet 2025 !

Notre scénario central tablant sur une majorité seulement relative pour le RN ou le NFP empêchant ainsi la mise en œuvre de dépenses importantes et favorisant l’absence de rupture avec les instances de l’Union européenne. Nous ne négligeons pas le risque de tensions sociales accrues.

Les sondages faits par les instituts pointe en moyenne vers une absence de majorité absolue pour le bloc RN (entre 230 et 280 sièges selon Ipsos), un second rang pour la NFP (entre 125 et 165 sièges), 70 à 100 sièges pour « Ensemble ! », et 41 à 61 sièges pour Les Républicains/Divers droite, le solde se répartissant entre les autres partis. Sans majorité absolue, il est probable que le bloc RN cherchera à rallier des élus de droite qui n’avaient pas rejoint ce bloc pour le premier tour des élections législatives, sans que l’on puisse anticiper le succès qu’ils pourront rencontrer.

La capacité à former un gouvernement si le RN arrive très largement en tête, mais sans majorité absolue, poserait la question de la gouvernabilité du pays. Il serait en effet très difficile de constituer un bloc stable qui devrait alors rassembler tous les autres partis. En cas contraire, un scénario d’une majorité absolue du RN, voire du NFP, ne pouvant toujours pas être exclu à ce stade, l’incertitude politique et sociale (troubles sociaux, voire de blocages) reste très forte. 

Cependant, les programmes des deux blocs en tête ont été édulcorés et se veulent « financés ».  Leur volonté de ne pas rompre avec les institutions et les règles de l’UE semble acquise.  

De plus, plusieurs garde-fous existent sur le plan politique :

  • Le président de la République, qui continue d’indiquer qu’il compte arriver au terme de son mandat en 2027, gardera son droit de veto sur certains domaines réservés (notamment la Défense et les Affaires étrangères et européennes), y compris au sein de l’Union européenne où il siège, avec les autres chefs d’Etat, au Conseil européen.
  • Le Sénat garde lui aussi un rôle limitatif, en étant surtout en capacité de s’opposer à toute modification constitutionnelle (également soumise au droit de regard du Conseil constitutionnel). 
  • En cas d’absence d’accord sur un budget, la reconduction des financements à l’identique chaque mois réduit aussi le risque de coup d’arrêt franc des services publics français à l’inverse de ce qui peut se produire aux Etats-Unis avec le « shutdown »).

Au-delà de ces aspects, la clef sera le facteur de rappel des marchés financiers.

Les marchés financiers ont ainsi eu un rôle particulièrement efficace en 2022 face au programme de Liz Truss (lequel prévoyait des dépenses budgétaires massives non financées) alors que l’envolée brutale des taux souverains britanniques a rapidement eu raison de cette politique et même du gouvernement, finalement remplacé en moins de deux mois afin de restaurer la crédibilité budgétaire du Royaume-Uni.

En 2018, L’arrivée de Matteo Salvini au pouvoir en Italie avait déclenché une crise sur les marchés financiers, exacerbée par les préoccupations concernant la politique économique et budgétaire du nouveau gouvernement. Salvini, leader de la Ligue, a promis des réformes audacieuses et coûteuses, notamment des réductions d’impôts et une augmentation des dépenses publiques, suscitant des craintes quant à la viabilité de la dette italienne. 

Spreads italiens (versus Allemagne) entre 2016 et 2019

Sources : Bloomberg, Groupe Richelieu

En 2022, en Italie, G. Meloni n’a pour sa part pas fait les mêmes erreurs que son prédecesseur rapidement édulcoré son programme, permettant de rassurer les investisseurs quant à l’absence de rupture avec l’UE et, par la même occasion, quant à la soutenabilité des finances publiques.

Spreads italiens (versus Allemagne) entre 2022 et 2023

Sources : Bloomberg, Groupe Richelieu

Nous comprenons alors « l’expérience de la crise » des gouvernements vis-à-vis des marchés qui permet d’adapter ses exigences… dans une deuxième étape.

Même si le scénario le plus probable reste celui d’une forme d’atonie gouvernementale, avec une majorité seulement relative pour le RN et une faible capacité de mise en œuvre des mesures annoncée, les marchés pourraient tester les velléités au lendemain des élections.

Nous pensons que le spread OAT bund demeurera à un niveau élevé (au-dessus de 70 bps) avec un risque de dérapage.

Spreads France – Allemagne

Sources : Bloomberg, Groupe Richelieu

Nous avons la certitude que la BCE n’interviendra pas

Malgré la bonne réaction des marchés au lendemain du premier tour, nous restons négatifs sur les actifs français pour le moment considérant que le marché pourrait tester la résistance de l’économie française. Nous restons particulièrement négatifs sur les secteurs liés à l’économie française et à l’état. Les secteurs les plus à risque sont ceux avec un fort bêta lié au risque politique, une forte exposition à la France et à l’UE, et un endettement élevé. Le principal secteur qui devrait souffrir de cette incertitude politique reste le secteur financier. Par nature sensibles au risque politique, leurs revenus sont à plus de 50 % réalisés en zone euro. Leur bêta de long terme (20 ans) est également l’un des plus élevés à 1,34x. L’immobilier devrait aussi souffrir de la hausse des primes de risque. Le secteur automobile, secteur cyclique par excellence, à bêta élevé (1,26 en moyenne sur 2 ans et sur 20 ans), souffrirait de l’incertitude sur la trajectoire européenne en matière de réglementation sur les moteurs thermiques.

Principaux indices mondiaux et indices français

Sources : Bloomberg, Groupe Richelieu

Au niveau des actions européennes, la dynamique de croissance devrait perdurer et la désinflation devrait accélérer. Le consommateur, via son pouvoir d’achat renforcé, devrait être un soutien nécessaire. La France et l’Allemagne masquent la bonne tenue des autres économies. C’est une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas une vue négative sur l’année malgré les tumultes politiques. Nous privilégions à court terme les secteurs plus défensifs.

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Les données de marché sont issues de sources Bloomberg.

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