La banque centrale chinoise, accompagnée des régulateurs financiers, a récemment lancé une série de mesures de relance économique, provoquant un fort rebond des actions chinoises. Lors d’une réunion exceptionnelle du Politburo, présidée par Xi Jinping, l’accent a été mis sur des thématiques cruciales telles que la politique fiscale, la gestion contra-cyclique et le soutien à l’économie du secteur privé, avec un focus particulier sur la consommation.
Sources : Twitter, FT
Le fait que cette session économique ait eu lieu en septembre, un mois où ces réunions sont rares, témoigne de « l’urgence grandissante » face aux pressions déflationnistes. Cette déclaration a suivi plusieurs initiatives prises par la Banque populaire de Chine (PBoC) et les régulateurs financiers, incluant des baisses de taux d’intérêt ainsi que des injections massives de fonds pour soutenir le marché boursier et encourager les rachats d’actions.
Signes de stabilisation
Dans notre dernier rapport, nous indiquions que le rapport récent de l’indicateur Caixin, qui se concentre principalement sur les petites et moyennes entreprises privées, indiquait déjà des signes d’amélioration, bien que modestes. La conjoncture intérieure plaidait pour un assouplissement monétaire plus prononcé, mais la PBoC se voyait contrainte par la faiblesse du yuan et la détérioration des bilans des banques chinoises. Toutefois, la récente baisse des taux directeurs par la Réserve fédérale américaine (FED) a offert une opportunité à la Chine d’ajuster sa politique monétaire.
Depuis la réunion du FOMC, la Chine a multiplié les annonces, et il semble évident que la PBoC emboîtera le pas de la FED avec de nouvelles mesures d’assouplissement. Ce qui surprend, c’est l’ampleur des actions entreprises pour soutenir le marché boursier.
Pékin change de cap
Ce qui distingue cette nouvelle vague de mesures de celle du début d’année, c’est le sentiment d’urgence accru. « Nous devons améliorer la pertinence et l’efficacité des mesures pour l’économie », a déclaré un rapport relayé par l’agence officielle Chine Nouvelle. Après des mois de performances économiques décevantes, tout espoir de voir l’économie se redresser sans intervention semble désormais écarté.
Chômage des jeunes
Source : Bloomberg
Le gouvernement chinois voit le début du cycle d’assouplissement de la Fed comme une fenêtre d’opportunité pour stimuler son économie sans craindre les effets sur le taux de change. Le gouverneur de la banque centrale, Pan Gongsheng, affiche un ton bien plus résolu et agressif, et les mesures adoptées sont plus larges qu’auparavant, ce qui laisse entrevoir une relance plus persistante.
Soutien ciblé et massif
Les autorités chinoises ont déjà décidé d’un nouvel assouplissement de la politique monétaire. Pour donner la preuve de son engagement, la banque centrale a procédé à des nombreux ajustements concomitants :
1/ Baisse du ratio de réserves obligatoires des banques de 50 pb;
2/ Baisse du taux de référence reverse repo à 7 jours de 20 pb à 1,5% (ce qui complète la baisse actée hier sur le reverse repo à 14 jours) ;
3/ Baisse à venir des taux d’emprunt immobilier de -20 à -30 pb et ;
4/ Baisse des taux d’intérêt sur les prêts immobiliers existants de -50 pb en moyenne.
En outre, ces baisses s’accompagnent de mesures visant, une nouvelle fois, à soutenir le marché immobilier : l’apport nécessaire pour l’acquisition d’un bien immobilier secondaire diminue (dont le taux baisse de 25% à 15%), ou encore les marchés actions (accès à des liquidités pour acheter des actions, ce qui favorise ce matin les indices chinois lesquels progressent de +4%)
Les autorités ont également décidé d’apporter une aide ciblée au secteur immobilier, au cœur des difficultés économiques chinoises, ainsi qu’à la Bourse, qui traverse une année difficile. Le taux des crédits immobiliers existants sera ajusté pour s’aligner sur celui des nouveaux prêts, soit une réduction de 0,5 point en moyenne. Cela devrait alléger les remboursements d’environ 150 milliards de yuans par an.
Au total, la Chine pourrait injecter près de 130 milliards d’euros pour relancer une économie à la peine, une première depuis la crise financière de 2008.
Analyse de la situation
Bien qu’aucune nouvelle mesure fiscale n’ait été officiellement annoncée, il est important de rappeler que la frontière entre politique fiscale et monétaire en Chine est souvent floue. Plusieurs actions de la PBoC, telles que les facilités d’échange et les plans visant à renforcer le capital de six grandes banques, relèvent en réalité de mesures fiscales.
Les dernières initiatives montrent clairement que Pékin prend conscience des pressions économiques et sociales croissantes. Toutefois, pour transformer ce rebond en une reprise durable, des réformes plus profondes sont nécessaires.
Sur la voie du « Whatever It Takes »
La Chine n’est pas encore au stade du « Whatever It Takes », mais elle semble s’en rapprocher. À l’instar des « Abenomics » japonais, tout plan de revitalisation de l’économie chinoise devra reposer sur trois piliers :
- Des mesures de relance massives pour stimuler la demande.
- Des programmes de réduction de la dette pour les gouvernements locaux, ainsi qu’une nouvelle structure incitative encourageant les technocrates à adopter une politique pro-croissance.
- Un engagement crédible en faveur des entreprises privées nationales et des investisseurs étrangers, réaffirmant la volonté de Pékin de poursuivre les réformes libérales.
Le calendrier politique laisse entrevoir des mesures significatives lors de la réunion du Politburo et de la Conférence centrale sur le travail économique en fin d’année. Cependant, ces initiatives prendront du temps à se concrétiser, et les investisseurs attendent des garanties avant de croire pleinement en la relance de la croissance. Néanmoins, cette prise de conscience est un signe encourageant, et nous sommes désormais plus optimistes quant aux perspectives des actifs chinois.