1. Gros débat à la BCE
2. Enfin un plan de relance chinois.
3. Arabie saoudite : une volte-face stratégique sur le pétrole en vue .
4. Graphique de la semaine : spreads de Taux 10 ans français versus Espagne (et Grèce !)
Gros débat à la BCE
Les discussions au sein de la Banque centrale européenne (BCE) s’animent autour du rythme à adopter pour l’assouplissement monétaire en zone euro. Selon des informations de presse, les débats sont particulièrement vifs entre les membres de l’institution. Les banquiers centraux aux positions plus « dovish » (favorables à une politique monétaire plus accommodante) plaident pour une baisse des taux dès le mois d’octobre, en raison des inquiétudes croissantes concernant la santé de l’économie européenne, corroborées par les récentes enquêtes de confiance, telles que les indices PMI et IFO. Le climat des affaires en zone euro pour le mois de septembre doit être publié, ajoutant une donnée supplémentaire à ce débat.
Cependant, ces appels à un assouplissement rapide se heurtent à l’opposition des membres plus « hawkish » (partisans d’une politique monétaire plus restrictive), qui estiment que la BCE devrait davantage se baser sur les données économiques concrètes, telles que le PIB et les salaires, ainsi que sur les projections de l’institution. Ces dernières seront mises à jour en décembre, et les « hawkish » préfèrent attendre cette échéance pour confirmer ou infirmer la dégradation de l’activité. Lors de la réunion de septembre, Christine Lagarde avait rappelé l’importance de laisser le temps à l’assouplissement monétaire de produire ses effets sur l’économie, et signalé que peu de nouvelles données seraient disponibles avant la prochaine réunion, prévue pour le 17 octobre.
Un indicateur clé, l’inflation de septembre, sera toutefois dévoilé prochainement. Les premières données nationales, publiées ce matin, devraient confirmer un ralentissement de l’inflation en raison d’une moindre contribution des prix de l’énergie. En Espagne, l’inflation totale a continué de ralentir, atteignant +1,9 % en glissement annuel (contre +2,3 % en août), tandis que l’inflation sous-jacente pourrait légèrement rebondir à +2,8 % (contre +2,7 % en août). En France, l’inflation globale a également ralenti plus que prévu, s’établissant à +1,2 % en glissement annuel (contre +1,6 % attendu et +1,8 % en août), avec une nette baisse en rythme mensuel (-1,2 % contre +0,6 % en août).
Bien que l’inflation se situe désormais sous l’objectif de la BCE, l’institution reste attentive à la dynamique des prix des services, lesquels demeurent résistants à la baisse en raison de salaires encore dynamiques. Toutefois, le ralentissement des salaires observé récemment pourrait progressivement se répercuter sur les prix, contribuant ainsi au ralentissement de l’inflation sous-jacente.
Inflation en zone Euro
Sources : Bloomberg, Richelieu
Notre avis : La situation économique dans la zone euro évolue rapidement, et la BCE pourrait se retrouver dans l’obligation de répondre de manière plus proactive à un risque de désinflation désormais tangible. Nous optons de manière contrariante pour 50 bps d’ici la fin de l’année.
Chine : enfin un plan de relance
Les marchés boursiers chinois ont connu leur meilleure performance hebdomadaire depuis 2008 après l’annonce par Pékin d’un vaste plan de relance économique, incluant une enveloppe de 114 milliards de dollars pour soutenir les marchés financiers. L’indice CSI 300, qui regroupe les principales entreprises cotées à Shanghai et Shenzhen, a grimpé de 15,7 % cette semaine, marquant sa meilleure performance depuis novembre 2008, lorsque la Chine avait déjà mis en place un plan de relance en réponse à la crise financière mondiale. Ce rallye, qui a également stimulé les marchés européens et les métaux industriels, survient alors que les dirigeants chinois cherchent à soutenir les marchés financiers du pays, stabiliser la crise du secteur immobilier et encourager la consommation intérieure afin de respecter l’objectif de croissance économique de 5 % pour l’année.
Mardi, la Banque populaire de Chine a dévoilé un fonds de prêt de 800 milliards de yuans (114 milliards de dollars) pour les marchés financiers du pays. Ce fonds servira à financer le rachat d’actions par les entreprises et à prêter aux institutions financières non bancaires, comme les compagnies d’assurance, pour acheter des actions locales. La récente baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine serait un vent favorable pour la Chine, premier exportateur mondial. C’est la première fois que le gouvernement encourage un investissement à effet de levier sur le marché boursier. Un rallye soutenu par la liquidité et l’effet de levier pourrait encore durer et une rotation des investissements des technologies mondiales coûteuses vers des actifs émergents moins chers est possible.
Les métaux industriels tels que le cuivre, l’aluminium et le zinc, dont la Chine est un grand consommateur, ont fortement progressé, prolongeant un rallye amorcé plus tôt ce mois-ci. Le cuivre, utilisé massivement dans les installations électriques, a franchi la barre des 10 000 dollars la tonne, un plus haut en trois mois. En ce qui concerne le minerai de fer, ingrédient clé de la sidérurgie, les mesures de relance ont permis d’inverser la tendance après une chute à son plus bas niveau en deux ans, principalement due à une faible demande en acier.
Notre avis : Le calendrier politique laisse entrevoir des mesures significatives lors de la réunion du Politburo et de la Conférence centrale sur le travail économique en fin d’année. Cependant, ces initiatives prendront du temps à se concrétiser, et les investisseurs attendent des garanties avant de croire pleinement en la relance de la croissance. Néanmoins, cette prise de conscience est un signe encourageant, et nous sommes désormais plus optimistes quant aux perspectives des actifs chinois.
Arabie saoudite : une volte-face stratégique sur le pétrole en vue ?
L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, pourrait bientôt abandonner son objectif officieux d’un baril à 100 dollars, signalant un changement de cap majeur dans sa politique énergétique. Selon des sources proches du dossier, le royaume serait prêt à augmenter sa production dès décembre, une décision qui pourrait entraîner une baisse durable des prix du brut. Cette stratégie viserait à regagner des parts de marché perdues au profit de concurrents non membres de l’Opep, notamment les États-Unis et le Brésil.
Depuis 2022, l’Arabie saoudite, leader de l’Opep+, a orchestré des réductions de production pour soutenir les prix du pétrole. Toutefois, la demande mondiale, affaiblie par le ralentissement économique chinois et l’augmentation de l’offre des pays non membres du cartel, a conduit à une chute du prix du Brent sous les 80 dollars ces dernières semaines. En réaction à ces perspectives, les prix du pétrole ont déjà chuté de 4 %, avec le Brent tombant à 70,7 dollars.
Cette possible augmentation de l’offre signifierait un revirement par rapport à la stratégie saoudienne récente, qui visait à maximiser les revenus pétroliers en limitant l’offre. Selon des analystes, ce changement reflète une prise de conscience des erreurs de calcul de l’Opep+ dans sa gestion du marché, et la volonté du royaume de ne plus céder de terrain à ses rivaux.
En parallèle, les tensions entre Riyad et Washington, exacerbées par des désaccords sur la production de pétrole après l’invasion russe de l’Ukraine, semblent avoir pesé sur cette décision. Malgré ses besoins budgétaires importants pour financer des projets ambitieux, l’Arabie saoudite semble prête à supporter une période de prix bas, en s’appuyant sur des ressources alternatives telles que ses réserves de change ou l’émission de dette souveraine.
Si cette stratégie se confirme, elle pourrait amorcer un nouveau paradigme sur les marchés pétroliers, avec un risque de baisse prolongée des prix du brut. Une situation qui pourrait affecter les grands acteurs du secteur déjà impactés par cette annonce.
Cours du Brent et du Wti
Sources : Bloomberg, Richelieu
Notre avis : cette situation de mésentente ( au sein de l’OPEP) et cette volonté de gagner des parts de marché ( sur les US) s’est déjà produite en 2014 et avait provoquer une baisse de près de 50% des prix du brut. Fort de cette expérience l’Arabie saoudite ne fera peut-être pas la même erreur. Nous abaissons nos objectifs sur le Brent à 65-75 USD pour prendre en compte ce risque.
Graphique de la semaine
Spread de taux 10 ans France versus Espagne / France versus Grèce
Sources : Bloomberg, Groupe Richelieu