1. L’inflation américaine accélère, tirée par les prix des logements et des services
2. La prochaine coalition allemande en soutien à la croissance
3. Au Japon, les pressions inflationnistes se renforcent.
4. Graphique de la semaine : Les États-Unis deviennent une nation de locataires
L’inflation américaine accélère, tirée par les prix des logements et des services
En octobre, l’inflation aux États-Unis a légèrement accéléré, en ligne avec les prévisions des économistes. L’indice des prix à la consommation a atteint 2,6 % sur un an, contre 2,4 % en septembre. Ce chiffre reflète en grande partie la contribution des prix des logements et des services à la hausse générale.
L’inflation de base (hors alimentation et énergie) s’est maintenue à 3,3 % sur un an en octobre, un niveau stable par rapport à septembre. L’inflation de base, de son côté, a augmenté de 0,3 % pour le troisième mois consécutif. Cette stabilité a permis de prolonger la tendance baissière, avec une variation annuelle de 2,6 % sur six mois, un chiffre récemment cité par le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell.
Bien que ces résultats n’entraînent pas de révisions majeures pour la Fed, la décélération de l’inflation « supercore » offre un certain répit à l’institution, qui pourrait envisager une nouvelle baisse des taux lors de la réunion du 18 décembre.
À l’exception de quelques biens, comme les équipements audio-visuels (+1,4 % mensuel) et les journaux (+9 % mensuel), la plupart des autres catégories ont vu leurs prix se stabiliser ou reculer en octobre. Ainsi, les vêtements ont baissé de 1,5 % après une hausse en septembre, tandis que les produits technologiques ont diminué de 1,2 %, les médicaments de 0,2 % et les biens de loisirs sont restés stables.
Les logements et les services demeurent cependant les principaux moteurs de l’inflation. Les services, bien qu’encore élevés, montrent des signes de ralentissement, avec une hausse de 0,3 % en octobre contre 0,4 % en septembre, portant leur augmentation annuelle à 4,8 %. Le logement, qui représente 36,5 % de l’indice CPI, déçoit par sa stagnation annuelle à 4,9 %, bien que la hausse mensuelle ait légèrement accéléré, passant de 0,2 % à 0,4 %. Le secteur du logement reste la principale variable d’incertitude pour l’inflation à court terme. La hausse des taux hypothécaires freine la demande, mais elle limite également les nouvelles constructions, maintenant ainsi un déséquilibre entre l’offre et la demande qui devrait persister au-delà de 2025.
Décomposition de l’inflation US
Notre Avis : Alors que l’inflation est aujourd’hui reléguée au second plan par les données sur le marché de l’emploi, les politiques économiques sous l’administration Trump, notamment les tarifs douaniers, devraient finir par exercer une pression inflationniste. Cependant, l’effet pourrait être plus modéré que prévu, en raison d’un redéploiement des dépenses vers les productions nationales et d’autres fournisseurs d’importations, ainsi que des marges des détaillants qui absorberaient une partie de la hausse des coûts dans les chaînes d’approvisionnement. L’appréciation du dollar et le ralentissement économique pourraient également atténuer cette poussée inflationniste.
La prochaine coalition allemande en soutien à la croissance
Les premières estimations officielles de l’impact économique du futur mandat de D. Trump commencent à être publiées. L’application des hausses de droits de douane promises pendant la campagne (de 10% à 20% sur l’ensemble des produits entrants aux Etats-Unis) pourrait coûter 1% du PIB allemand selon J. Nagel, le président de la Bundesbank. Le secteur industriel dédié à l’exportation constitue un moteur majeur de l’économie allemande et subit toujours de plein fouet les effets de la crise énergétique (coût de l’énergie plus élevé que dans le reste du monde) et de la baisse de la demande mondiale, en particulier celle chinoise. Elle risque de ne pas pouvoir se relever d’un nouveau choc négatif lié à la baisse de la demande américaine (même si certaines entreprises ont anticipé ce problème en localisant des usines directement sur le sol américain). Cela pourrait plonger l’économie allemande dans une nouvelle année de récession en 2025, après deux années de croissance négative en 2023 et 2024 (-0,1% en 2024. Les perspectives plus favorables pour les consommateurs et sur les taux d’intérêt pourraient jouer un rôle d’amortisseur pour la croissance.
Dans ce contexte, la pression monte sur la prochaine coalition pour apporter des réponses au déclin économique. Les élections législatives anticipées pourraient se dérouler le 23 février 2025 (après un vote de confiance le 16 décembre) et le chef du parti conservateur CDU, Friedriech Merz, a lancé sa candidature et est favori pour la chancellerie (sa coalition CSU/CDU est créditée de 33% des intentions de vote). Compte tenu des sondages actuels, ce dernier devra également trouver des soutiens pour former une nouvelle coalition mais il s’est dit ouvert à travailler avec le SPD d’Olaf Scholz et a fermé la porte au parti d’extrême droite AfD (18% des intentions de vote). La bonne nouvelle pour l’activité est que F. Merz s’est dit disposé hier à une réforme de la règle du frein à l’endettement limitant le déficit public structurel à 0,35% du PIB si cela doit permettre de stimuler l’investissement (notamment dans le transport et le numérique).
Pour ce faire, il devra trouver une majorité des deux tiers des chambres du Parlement (seule la suspension est permise dans des circonstances particulière avec une majorité simple). D’autres sujets risquent toutefois de soulever de nouvelles tensions alors que F. Merz souhaite revenir sur les politiques climatiques et migratoires. Une hausse des émissions de dette souveraine allemande visant à soutenir les investissements constituerait un facteur favorable à l’ensemble de la zone euro tant pour la croissance que pour la hausse des taux souverains et de la monnaie unique afin de limiter l’impact négatif de la victoire de D. Trump.
Sondages en Allemagne
Notre avis : Les déboires politiques des deux « leaders » européens (France et Allemagne) amène indéniablement un manque de confiance et une absence de réaction d’union face au projet américain. La prochaine réunion BCE n’est que fin décembre. D’ici là, difficile d’avoir un catalyseur à court terme. Cependant, cette crise pourrait voir déboucher plus tôt que prévu le plan Draghi.
Au Japon, les pressions inflationnistes se renforcent.
Les prix de gros d’octobre parus ce matin au Japon accélèrent et surprennent à la hausse à +3,4% en glissement annuel (vs +2,9% attendu et +3,1% en septembre) confirmant que les facteurs inflationnistes s’amplifient. Le rebond enregistré s’explique par une hausse du coût des matières premières (telles que le pétrole) et des denrées alimentaires (comme le riz) ainsi que par le recul du yen. Cela pourrait ainsi conduire la Banque du Japon (BoJ) à resserrer une nouvelle fois sa politique monétaire par une hausse de ses taux directeurs, à l’heure où la Fed et la BCE sont entrées dans un cycle de baisse. Les opinions des membres de la banque centrale publiées lundi avaient en effet montré qu’une poursuite de la dynamique inflationniste actuelle serait compatible avec une nouvelle augmentation des taux directeurs. Ce message a également été relayé par le gouverneur de la BoJ, K. Ueda, qui a mis en avant que la banque centrale serait prête à relever une nouvelle fois ses taux d’intérêt mais dans le cas où l’inflation s’expliquerait davantage par une demande domestique dynamique et des salaires plus élevés, plutôt que par la hausse des coûts des matières premières. La Banque du Japon souhaitera donc attendre que les salaires croissent encore et que leur effet sur les prix s’amplifie, ce qui repousse la prochaine hausse des taux directeurs en 2025. Avant d’agir, elle doit également gérer l’incertitude politique japonaise alors que la coalition au pouvoir de S. Ishiba a perdu la majorité absolue lors des élections législatives anticipées en octobre.
Inflation et prix à la production au Japon
Notre Avis : Si le Premier ministre a conservé son poste à la tête d’un gouvernement minoritaire à l’issue d’un vote à la majorité relative de la chambre basse, il devra composer avec d’autres partis qui sont davantage favorables à une politique monétaire accommodante. La BoJ devra relever ses taux directeurs au 1er trimestre 2025, ce qui soutiendra le yen et les taux souverains.
Graphique de la semaine : Les États-Unis deviennent une nation de locataires
En octobre, 36 % des Américains ont déclaré qu’ils loueraient un logement s’ils devaient déménager, soit le pourcentage le plus élevé jamais enregistré selon Fannie Mae. Cette part a grimpé de 13 points de pourcentage au cours des trois dernières années, le logement étant devenu historiquement inabordable pour les acheteurs. Dans le même temps, seulement 20 % des Américains estiment que c’est le bon moment pour acheter une maison. Ce chiffre est en baisse par rapport aux 60 % d’il y a quatre ans, mais supérieur au niveau record de 15 % atteint en octobre 2023. Dans le même temps, le taux d’intérêt moyen sur un prêt hypothécaire à 30 ans a grimpé à 6,9 %, le niveau le plus élevé depuis juillet. La location est la seule option pour une partie importante des Américains.