Les trois informations de la semaine à ne pas manquer :
- « S’ils nous imposent un droit de douane ou une taxe, on leur impose exactement le même niveau de droit de douane ou de taxe, c’est aussi simple que ça » Donald Trump
- Un cessez-le-feu « dans un futur pas si lointain » Donald Trump
- Les chiffres d’inflation US repoussent la baisse des taux
- Chart of the Week: Les réserves d’or en Inde et en Chine ont atteint des niveaux record, les marchés émergents alimentant la flambée des prix de l’or
« S’ils nous imposent un droit de douane ou une taxe, on leur impose exactement le même niveau de droit de douane ou de taxe, c’est aussi simple que ça »
Le président américain a signé jeudi le décret attendu sur les droits de douane réciproques, nouvelle escalade dans la guerre commerciale ouverte contre les partenaires économiques des Etats-Unis. « trois semaines extraordinaires, peut-être les meilleures jamais eues, mais aujourd’hui c’est le grand jour: droits de douane réciproques!!! », a écrit le président sur son réseau Truth Social, accompagné de son célèbre slogan « Make America Great Again ». Le futur secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a précisé que Donald Trump serait en mesure de mettre son plan à exécution d’ici début avril. Le républicain compte, avec ces droits de douane réciproques, imposer aux produits qui arrivent aux Etats-Unis le même niveau de taxes que ce que le pays d’origine fait peser sur les produits américains.
Donald Trump considère que les produits qui arrivent aux États-Unis doivent subir le même niveau de taxes que ce que le pays d’origine fait peser sur les produits américains. Et suggère aux États trouvant la nouvelle barrière douanière trop élevée d’abaisser la leur. L’idée est donc d’aligner le niveau des droits de douane, ce qui pourrait représenter un coup sévère pour certaines économies émergentes qui, tels le Brésil ou la Thaïlande, fixent des barrières douanières plus élevées pour protéger leur économie respective. L’Inde, par exemple, dont le Premier ministre Narendra Modi est attendu jeudi à la Maison Blanche, applique des droits de douane de 25% sur les voitures américaines, ce qui voudrait dire que les Etats-Unis pourraient faire de même sur les véhicules indiens. Après les 10% de droits de douane supplémentaires annoncés sur les produits chinois, les 25% sur l’aluminium et l’acier… Donald Trump poursuit sa politique économique agressive, guidée par son agenda et un cap: « America First ».
L’idée de Donald Trump est de relever les droits de douane pour financer en partie des baisses d’impôts et résorber le déficit commercial croissant, mais aussi de les utiliser comme un moyen de pression sur les autres Etats. Il a résumé sa vision « très simple » des droits de douane réciproques: « S’ils nous font payer, on les fait payer. » « Ce que le président Trump pense, c’est qu’on peut tous au moins être d’accord sur le fait que si on nous taxe à 20%, on doit pouvoir aussi le faire. Ainsi, s’ils abaissent leurs droits de douane, nous les abaissons, c’est l’idée de réciprocité », a détaillé son conseiller économique Kevin Hassett sur la chaîne de télévision CNBC lundi.
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Notre avis : Les Etats-Unis importent 3 300 MM$ de biens, ce qui signifie que chaque pourcentage de taxes supplémentaires représenterait, toutes choses égales par ailleurs, 33 MM$ de recettes supplémentaires, une recette qui correspondrait néanmoins à un surcoût équivalent à supporter par les ménages américains. Il y a donc un risque notable pour l’inflation américaine mais également pour les pays qui font le choix du bras de fer avec les Etats-Unis. D’une certaine manière, il oblige tous les pays à renégocier leurs barèmes douaniers avec les États-Unis. Pour espérer une accalmie, il faudra attendre que la phase d’escalade laisse la place à la négociation et qu’un compromis soit trouvé. Cela reste l’objectif de Trump qui souhaite obtenir des concessions de la part de ses partenaires commerciaux notamment avec l’Europe qui a une arme que les autres n’ont peut-être pas : la réglementation . Les craintes d’un regain de tensions inflationnistes liées à ces droits de douane demeureront et la Fed restera donc prudente au cours des prochains mois
Un cessez-le-feu « dans un futur pas si lointain »
Au cours d’un entretien bilatéral, les deux présidents ont appelé à l’engagement « immédiat » de négociations de paix afin de mettre un terme à la guerre en Ukraine. D. Trump a déclaré avoir appelé le président ukrainien, V. Zelensky, pour l’informer de cette discussion.
Le secrétaire à la défense, P. Hegseth, a de son côté présenté trois conditions de l’administration Trump en entrée de négociation :
- L’objectif d’un retour aux frontières ukrainiennes d’avant 2014 est « irréaliste » ;
- L’hypothèse d’une intégration de l’Ukraine dans l’OTAN est écartée ;
- le déploiement d’un contingent militaire en Ukraine ne se fera pas dans le cadre d’une mission de l’OTAN et ne comprendra pas de soldats américains.
Selon certaines sources, le plan de paix de Trump pourrait inclure un accord de 500 millions de dollars avec l’Ukraine pour accéder à ses ressources en terres rares, en échange d’un soutien militaire accru. Ces minéraux stratégiques sont essentiels pour de nombreuses technologies modernes. Cependant, une grande partie de ces ressources se trouve dans des zones actuellement occupées ou menacées par la Russie, ce qui complique leur exploitation sans un règlement du conflit. Parallèlement, les dirigeants européens cherchent à s’adapter à la nouvelle approche américaine en matière de politique étrangère. Ils s’efforcent de jouer un rôle plus actif dans les négociations de paix, tout en démontrant leur détermination par des actions concrètes. La Conférence sur la sécurité de Munich sera l’occasion pour eux de discuter de ces stratégies et de coordonner leurs efforts pour mettre fin au conflit en Ukraine. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a récemment exprimé sa volonté de négocier directement avec Vladimir Poutine et d’autres dirigeants pour mettre fin à la guerre. Il a également indiqué que les États-Unis auraient un accès prioritaire aux ressources minières stratégiques de l’Ukraine, soulignant l’importance de la coopération internationale pour la reconstruction du pays après le conflit. « Ceux qui nous aident à sauver l’Ukraine auront la possibilité de la rénover, avec leurs entreprises et les entreprises ukrainiennes. Nous sommes prêts à parler de toutes ces choses en détail », a-t-il dit au Guardian. L’Ukraine dispose de certaines des plus grandes réserves minérales d’Europe et il n’est « pas dans l’intérêt des Etats-Unis » que celles-ci tombent entre les mains de la Russie, a rappelé le président ukrainien.
Les discussions s’intensifient également entre les responsables européens. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a invité ses homologues allemand, polonais, italien et espagnol, ainsi que le ministre britannique des Affaires étrangères et la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à une réunion ce mercredi 12 février à Paris. L’objectif est d’adopter une position commune face aux initiatives américaines et russes, et de s’assurer que la souveraineté de l’Ukraine et la sécurité européenne ne soient pas compromises dans le processus de paix. Alors que le conflit en Ukraine entre dans sa quatrième année, les efforts diplomatiques s’intensifient pour trouver une solution pacifique. Les initiatives américaines, combinées aux actions des dirigeants européens et à la volonté de dialogue des parties concernées, offrent une lueur d’espoir pour la fin des hostilités et la reconstruction de l’Ukraine.
Notre avis : Une trêve en Ukraine pourrait marquer le début d’une véritable reconstruction économique, bénéfique à la fois pour l’Ukraine et l’Europe. S’ils ne sont pas parties prenantes aux négociations engagées par D. Trump , les Etats européens pourraient bénéficier d’un arrêt de la guerre en Ukraine dans un contexte économique dégradé. L’industrie européenne continue de pâtir du renchérissement du coût de l’énergie lié à la guerre en Ukraine, comme en témoigne la faiblesse de la production industrielle. Le redressement économique de l’Ukraine repose sur une mobilisation massive des capitaux. L’Union européenne a déjà promis une aide de 50 milliards d’euros entre 2024 et 2027. De plus, les investissements privés joueront un rôle central, notamment dans les secteurs de l’énergie, de la construction et des infrastructures de transport. Les économies post-conflit connaissent souvent une reprise rapide. L’énergie éolienne et solaire deviendra une priorité. La reconstruction de ces infrastructures représente un défi colossal mais aussi une opportunité pour l’industrie du bâtiment. La demande en matériaux comme le ciment et l’acier devrait tripler d’ici 2028. Les entreprises européennes et américaines spécialisées dans le BTP auront un rôle clé dans ce renouveau urbain.
Les chiffres d’inflation US repoussent la baisse des taux
L’indice d’inflation CPI aux Etats-Unis a dépassé les attentes, avec une accélération de sa composante sous-jacente. Le retour vers la cible de 2% semble donc s’éloigner à court terme alors qu’en parallèle les risques demeurent haussiers en raison de la guerre commerciale C’est la 9ème fois sur les 10 dernières années que l’inflation sort au-dessus des attentes en janvier. Cette fois-ci, la remontée de l’inflation sous-jacente s’explique en quasi-totalité par la composante « transport ». Un argument de plus de prendre son temps pour la Fed.
L’inflation totale sort à 3% en glissement annuel en janvier, soit son niveau le plus élevé depuis le mois de mai. L’inflation totale remonte en large part à cause d’effet de base « énergie » moins favorables (ils le seront un peu plus sur les prochains mois)L’inflation sous-jacente progresse de 0,4% en janvier, contre +0,3% attendu. La contribution du « logement hors énergie » au core CPI continue à baisser lentement mais sûrement.
Dans le détail de nombreux composants voient leurs prix repartir à la hausse, comme l’alimentation, tandis que les prix de l’énergie ont encore augmenté sensiblement en janvier, après la forte hausse de décembre. Un certain nombre de secteurs ont vu leur indice révisé à la baisse sur le mois de décembre, ce qui peut aussi expliquer une surprise à la hausse en janvier. La tendance reste globalement plutôt acceptable pour les biens, avec même une baisse notable pour les vêtements après Noël, et malgré une forte hausse des prix pour les véhicules d’occasion et les médicaments.
Le problème reste encore et toujours sur les prix des services : +0,5%, en accélération après cinq mois de ralentissement consécutifs. Ils augmentent sous l’influence des prix des transports, avec une hausse brutale des assurances automobile, et encore les billets d’avion – bien que la hausse soit moindre que celle de décembre. Il est intéressant de noter que l’inflation du logement (shelter) continue à se modérer. Les prix du logement remontent un peu en mensuel, suffisamment pour déstabiliser l’indice CPI et l’indice «core CPI», dont ce poste représente encore respectivement 35,5% et 44,3%. La hausse des taux hypothécaires pousse davantage d’Américains vers un marché locatif dans lequel les taux d’inoccupation sont proches de leurs plus bas.
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Notre avis : Powell, le président de la Fed, face à la commission bancaire du Sénat et de B. Hammack (Fed de Cleveland), membre non votante du comité de politique monétaire (FOMC) ont défendu la nécessité pour la banque centrale de ne pas assouplir la politique monétaire trop rapidement compte tenu de la résilience de l’activité, du risque inflationniste et de l’impact éventuel de la politique économique de D. Trump. En l’état actuel des choses, le président de la Fed considère que la politique monétaire demeure appropriée tandis que pour B. Hammack, les taux directeurs de la Fed pourraient déjà être proches du taux neutre (qui ne stimule ni ne ralentit l’activité et l’inflation. ). Compte tenu de la récente reprise de l’inflation et des évolutions politiques, nous pensons que la Fed restera probablement en pause prolongée. Nous pensons que les prix de l’immobilier pourront encore faire contrepoids aux inquiétudes sur les tarifs douaniers de Donald Trump : la Fed de Cleveland a beaucoup travaillé sur la dynamique des loyers aux Etats-Unis et produit une série trimestrielle mesurant les coûts du logement dans les nouveaux contrats de location – lorsque vous déménagez – qui semblaient avoir la bonne direction au quatrième trimestre, avec de l’avance sur les principales mesures du BLS. Un signal potentiellement encourageant sur le fait que ce poste baisse à partir de la fin de l’été. Nous pensons également que les considérations politiques favorisent une pause. Si la Fed veut minimiser le risque de devoir relever les taux plus tard, il serait prudent de ne pas les réduire davantage. Dans l’ensemble, l’effet inflationniste sera limité mais tant que le risque existera, la Fed sera entravée dans son action, ce qui repousse au deuxième semestre le moment où elle pourra abaisser ses taux directeurs. Ceci soutiendra à court terme les taux américains et le dollar.
Chart of the week
Les réserves d’or en Inde et en Chine ont atteint des niveaux record, les marchés émergents alimentant la flambée des prix de l’or.
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