- La croissance est là
- Legrand, essoufflement de la thématique Datacenters ?
ACTIONS AMÉRICAINES
La croissance est là
La saison de publication des résultats du troisième trimestre 2025 du S&P500 touche à sa fin. Le S&P 500 capitalise environ 60 000 Mds$ et environ 2 400 Mds$ de bénéfices prévus pour 2025. La croissance des résultats trimestriels affiche+10.7% contre +7.3% estimée fin juin 2025 selon Factset.
- La tendance des 10 dernières années se poursuit :
Entre 2015 et 2025, le BPA (Bénéfice Par Action) du S&P500 a été multiplié par 2.25x. Le bénéfice des valeurs des technologies de l’information et des services de communication a été le principal moteur de cette croissance. Elles pesaient un peu plus de 22% de la capitalisation et 24% des résultats en 2015, elles représentent aujourd’hui 47% de la capitalisation et 38% des résultats. A titre d’exemple, les bénéfices cumulés d’Apple, Amazon, Alphabet, Microsoft et Nvidia ont été multipliés par 6 pour atteindre 550 Mds $ en 2025. Suite à l’accélération de la numérisation de nos économies au cours de la pandémie, les bénéfices du S&P500 ont fortement progressé entre 2019 et 2021 : +27%. Puis suite à la forte hausse des taux en 2022, les bénéfices ont stagné entre 2021 et 2023.
- Depuis 2 ans, la croissance des bénéfices réaccélère
Depuis 2024, la croissance des BPA repart. Ils ont cru de +10% en 2024 et de 11% sur les 9 premiers mois 2025, presque autant qu’espéré au début de l’année malgré le choc des droits de douane. Au T3-25, les deux principaux moteurs de la croissance sont les bénéfices des valeurs technologiques et des valeurs financières avec respectivement +26% et +21%. Ils pèsent 27% et 19% des bénéfices totaux du S&P500.
- Maintenant et demain
Compte tenu de ces éléments, l’espoir de croissance des analystes pour le dernier trimestre 2025 de +6.5%, qui tient compte d’un effet de base, semble faible au regard de l’année 2025.
Le BPA du S&P 500 espéré pour 2026, compilé par Factset est de 305$ soit +14%.
La bourse corrige depuis 10 jours suite au discours de Powell moins accommodant qu’espéré, de statistiques d’emploi plus faibles, dans un contexte où la valorisation du S&P500 est relativement riche. Toutefois, moult entreprises qui le composent sont plébiscitées par les investisseurs pour leur niveau exceptionnel de croissance, de marge ainsi que pour leur stratégie de création valeur sur les prochaines années. Cette semaine, par exemple, les actionnaires de Tesla, qui reste évidemment un ovni en bourse avec 1500 Mds$ de valorisation et 5.5 Mds$ de bénéfice prévu pour 2025, ont approuvé le plan de rémunération en actions de son dirigeant Musk. Il est prévu de lui octroyer 1000 Mds$ d’actions sur les 10 prochaines années en 12 tranches. La première d’entre elle serait versée si Tesla atteint une valorisation de 2 000 Mds$ et l’un des objectifs suivants : un EBITDA de 50 Mds$, 11.5 millions de nouveaux véhicules livrés contre 8,5 millions actuellement en circulation, 1 million de robots vendus, 1 million de robots taxis en circulation.
Bien que la valorisation de la bourse américaine reste légèrement riche par rapport à son historique et s’ajuste à court terme avec le niveau des taux d’intérêts, la croissance des bénéfices est supérieure à 10%. Si nous convenons qu’il existe quelques poches de survalorisation et des sociétés très risquées, la bourse regorge de sociétés de qualité dont la valorisation au regard de leur perspective de croissance reste raisonnable.
ACTIONS EUROPÉENNES
Legrand, essoufflement de la thématique Datacenters ?
- Forte baisse du cours de Legrand (-12,2% le 6/11) suite à un troisième trimestre inférieur aux attentes et en dépit d’un management résolument optimiste lors de la conférence téléphonique.
- Le groupe a publié une croissance organique de 6,7%, sensiblement inférieure aux 8,7% attendus par le consensus ; à titre de comparaison, la croissance organique de Schneider était de 9% au T3, tirée par l’automatisation Industrielle. Chez Legrand, la déception vient du marché nord-américain à +13,3% (+18,1% attendu par le consensus après les +20,5% du S1) alors que le marché européen à +2,7% bat les attentes (+2,1%). En terme de marge opérationnelle, les 20% publiés sont 0,6% inférieurs aux attentes ; la marge a également été une source de déception chez Schneider quelques jours plus tôt…
- Le maintien des prévisions 2025 relevées en juillet (croissance organique 5-7% et marge opérationnelle 20,5-21%) est clairement une déception : le consensus, déjà plus haut (8,5% pour la croissance organique et >21% pour les marges), espérait, a minima, une révision à la hausse de la borne basse.
- L’activité Datacenters (40% des ventes du marché nord-américain et désormais 25% du CA groupe contre 15% en 2023) est sans conteste le marché final le plus attractif et cristallise toute l’attention des investisseurs. La croissance des datacenters demeure très solide, supérieure à 30% pour les 9 premiers mois de l’année : le groupe anticipe désormais +30% pour 2025, alors qu’il annonçait +10% puis 20% en début d’année. Si la dynamique du T3 semble moindre qu’au premier semestre, alors que le marché s’attendait à une accélération séquentielle, cela provient d’une base de comparaison exigeanteavec +25% au S2 2024 et un T4 très élevé : la décélération est donc « purement optique » selon le management. Avec 30% de croissance dans les datacenters en 2025 (à comparer à +15% en 2024), Legrand indique avoir une croissance légèrement supérieure au marché et cohérente avec celles de l’américain Vertiv, le seul concurrent publiant ses chiffres (Schneider ne donne, pour l’instant, que des indications de croissance à deux chiffres).
- Quoiqu’il en soit, la baisse du titre s’inscrit dans un contexte boursier plus global avec des prises de bénéfices récentes dans les titres tirés par l’IA. La réaction du marché est, bien entendu, à mettre en perspective avec un cours au plus haut historique après une forte hausse du cours cette année (encore à +40% post baisse), porté par le sentiment positif autour des datacenters. Pic de performance boursière et PER proche des 25x 2026e (avant baisse) ne laissaient que peu de place à une déception de publication… C’est pourquoi le titre baisse bien davantage que la révision attendue des estimations du consensus post publication (de l’ordre de 1% à 2% ?).
- Au-delà de la dynamique des datacenters (qui restera solide en 2026), le rerating du titre pourra désormais difficilement se faire sans amélioration séquentielle plus marquée du marché résidentiel européen et tertiaire américain…La rentabilité du groupe dans la construction est la même que celle des datacenters, le levier opérationnel d’un rebond de 75% du chiffre d’affaires du groupe est donc loin d’être négligeable.
- Dans le secteur, la journée investisseurs de Schneider (11/12 à Londres) sera l’occasion pour le groupe de détailler sa croissance et ses parts de marché dans les datacenters (il a été, jusqu’ici, moins dissert sur le sujet que Legrand) ainsi que les mesures d’efficience et de productivité en soutien des marges. Schneider, au profil plus diversifié que Legrand (136 MdE de capitalisation contre 33 Md pour Legrand), a sous-performé le secteur cette année après des publications décevantes mais pourrait retrouver les faveurs d’investisseurs en quête de titres de qualité en retard boursièrement.

