Radar de la Semaine – Semaine 43

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  1. Les dessous des agences de voyage en ligne
  2. Siemens, point final, enfin en vue, de la « stratĂ©gie de la flotte de navires Â» !

ACTIONS AMÉRICAINES

Les dessous des agences de voyage en ligne

 Le 07-11-2025, Expedia, l’une des plus grandes agences de voyage en ligne a publiĂ© ses rĂ©sultats du 3eme trimestre 2025. Ils ont Ă©tĂ© saluĂ©s par les investisseurs. Le titre a progressĂ© de 18% le lendemain de sa publication et de 44% depuis le dĂ©but de l’annĂ©e en $.

  • Les rĂ©servations sur ses sites ont progressĂ© de 12%, son chiffre d’affaires (CA) de 9%, son rĂ©sultat opĂ©rationnel ajustĂ© de +27% grâce Ă  une expansion de sa marge de 370 points de base. Ce bon 3ème trimestre a conduit le management d’Expedia Ă  augmenter ses perspectives de croissance pour 2025.Son CA 2025 devrait croĂ®tre de 6,5% contre 3-5% prĂ©vu prĂ©cĂ©demment. Sa marge d’EBITDA pour 2025 devrait progresser (RĂ©sultat avant frais financiers, impĂ´ts et amortissements) de 2 points contre 1 point prĂ©vu prĂ©cĂ©demment.
  • Expedia est une des pionnières des agences de voyage en ligne. Elle a Ă©tĂ© créée par Microsoft en 1996 puis introduite en bourse en 1999. Aujourd’hui, il existe quatre grandes agences de voyage en ligne : Booking.com, Airbnb, Expedia et Trip.com. Elles ont des capitalisations boursières qui tutoient ou dĂ©passent celles des plus grandes chaĂ®nes d’hĂ´tels cotĂ©es comme Hilton et Marriott.
  • Depuis 25 ans, les agences de voyage en ligne partagent deux facteurs clĂ©s de rĂ©ussite et un frein important Ă  la crĂ©ation de valeur boursière.

Premièrement l’industrie du voyage a Ă©normĂ©ment progressĂ© grâce au dĂ©veloppement des vols low-costs comme ceux de Ryanair et des nouvelles offres de sĂ©jours comme celles d’Airbnb. Aujourd’hui le marchĂ© du voyage (transport, nuitĂ©es, tours et activitĂ©s, restauration) est estimĂ© en 2024 Ă  plus 3000 Mds$ selon Phocuswright. En 2024, Expedia a enregistrĂ© un volume d’affaires(valeur des rĂ©servations sur son site) de 111 Mds$, Booking.com de 166 Mds$.

Deuxièmement, les places de marchĂ© (marketplace) de ces agences en ligne tirent profit de la magie des effets de rĂ©seaux. Plus la plateforme parvient Ă  attirer, fidĂ©liser et se rendre utile aux hĂ´teliers et autres vendeurs de services de voyage, plus la plateforme est attractive pour l’internaute. Plus la marketplace a de visites, plus les vendeurs de services sont incitĂ©s Ă  y participer.

Toutefois, beaucoup d’entre elles sont encore dĂ©pendantes des visites provenant des moteurs de recherche comme celui de Google, qui offre d’ailleurs des services concurrents. Par exemple, les frais marketing et commerciaux pour Expedia ont reprĂ©sentĂ© en 2024 51% de son chiffre d’affaires.

Source : Bloomberg
  • A l’avenir, le marchĂ© du voyage devrait continuer de croĂ®tre. Les classes moyennes des pays Ă©mergents continuent de s’enrichir, les retraitĂ©s amĂ©ricains et europĂ©ens aisĂ©s du babyboom sont friands de voyage, les voyages d’affaires progressent. Les effets de rĂ©seaux continuent de s’autoalimenter. Par ailleurs, les agences en ligne amĂ©liorent leur process, augmentent leur trafic naturel sur leur plateforme, et peuvent encore espĂ©rer gagner des parts de marchĂ©. Depuis 2020, Expedia a par exemple rĂ©duit la complexitĂ© de son organisation en unifiant sa plateforme marketing de ses sites Vrbo (Ă©quivalent d’Airbnb), Hotels.com et Expedia. Entre 2019 et 2024, Booking.com a augmentĂ© le trafic naturel sur son site d’environ 5 points de 50% Ă  55% lui permettant de rĂ©duire l’effort en frais marketing de 5,15% Ă  4,4% de la valeur des rĂ©servations. Enfin, la part des rĂ©servations de services de voyage Ă  travers les agences de voyage en ligne continuent de croĂ®tre. Elle est de 69% en 2024 contre 65% en 2021. Aux Etats-Unis, Expedia indique que le nombre de nuitĂ©es sur ses sites a augmentĂ© au rythme le plus rapide depuis 3 ans au 3èmetrimestre 2025, signe d’une bonne exĂ©cution de la stratĂ©gie.
  • Bien que ces agences soient des sociĂ©tĂ©s bien gĂ©rĂ©es, leur performance boursière est en ligne avec le S&P500 ces six dernières annĂ©es. Toutefois,l’IA gĂ©nĂ©rative est peut-ĂŞtre de nature Ă  changer la donne pour leur modèle d’affaires. Depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ , les systèmes de recommandation des agences de voyage en ligne utilisent du machine learning pour s’adapter aux diffĂ©rents internautes (organisation du site diffĂ©rente selon le profil client, rĂ©duction et publicitĂ© ciblĂ©es…). Demain, l’IA gĂ©nĂ©rative changera sans doute la manière dont nous rĂ©servons un hĂ´tel en ligne. Il ne sera peut-ĂŞtre plus nĂ©cessaire de remplir un tas de critères (nombre de personnes, dates, prix, diverses options) pour rĂ©aliser une recherche, les revues clients seront synthĂ©tisĂ©es par un LLM (Large Language Model). En bref, la recherche deservices de voyage se fera peut-ĂŞtre sous forme d’une conversation avec un chatbot. En particulier chatGPT, qui compte 800 millions d’utilisateurs, s’associe aux agences de voyage en ligne pour offrir une nouvelle porte d’entrĂ©e Ă  leurs services. Leur intĂ©rĂŞt est partagĂ© : Google est un concurrent commun. Si les expĂ©riences clients avec les chatbots de Booking.com et Expedia semblent bonnes pour l’instant, l’adoption Ă  grande Ă©chelle de ces services n’en est qu’à ses dĂ©buts.

ACTIONS EUROPÉENNES

Siemens, point final, enfin en vue, de la « stratĂ©gie de la flotte de navires Â» !

  • En annonçant son intention de dĂ©consolider Siemens Healthineers (SH) en transfĂ©rant 30% des actions SH Ă  ses actionnaires via un opĂ©ration de spin-off direct, Siemens va clore le dernier chapitre de sa simplification entamĂ©e il y a 7 ans. En effet, en 2018, sous l’ère de l’influent CEO Joe Kaeser (2013-2021), le groupe a mis fin Ă  sa stratĂ©gie historique dite de la « flotte de navires Â», mĂ©taphore dĂ©crivant la stratĂ©gie dĂ©centralisĂ©e du conglomĂ©rat Siemens dans les annĂ©es 2010. Pendant des dĂ©cennies, Siemens ne se considĂ©rait pas comme un « paquebot Â» unique mais comme une flotte de navires indĂ©pendants (ses filiales), naviguant avec autonomie dans la mĂŞme direction. Outre les problèmes de gouvernance et diffĂ©rents scandales ayant Ă©claboussĂ© le groupe dans les annĂ©es 2000, cette stratĂ©gie a Ă©tĂ© jugĂ©e trop fragmentĂ©e, d’une complexitĂ© excessive, limitant les synergies et la lisibilitĂ© pour les investisseurs. Deux dates ont Ă©tĂ© clĂ© dans la dĂ©construction du conglomĂ©rat, mars 2018 et septembre 2020 avec, respectivement, les introductions en bourse des divisions SantĂ© (Siemens Healthineers dont est introduit 15% du capital) et Energie (Siemens Energy, dont Siemens dĂ©tient actuellement moins de 14% du capital).
  • Concrètement, le spin-off, validĂ© par le conseil d’administration, doit dĂ©sormais recevoir l’approbation des actionnaires de chaque entitĂ© via deux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales (extraordinaires?) courant 2026, calendrier jugĂ© lointainpar certains investisseurs qui auraient prĂ©fĂ©rĂ© une dĂ©cision dĂ©finitive dès maintenant. Nous saluons nĂ©anmoins la clarification des intentions du groupe.
  • L’objectif de Siemens est de ramener sa participation dans SH Ă  un actif financier (donc certainement une dĂ©tention infĂ©rieure Ă  20%). Aucun dĂ©tail n’est apportĂ© sur l’efficacitĂ© fiscale du spin-off mais il semblerait exonĂ©rĂ© d’impĂ´ts pour Siemens (contrairement Ă  une offre d’échange d’actions). Il y a de fortes chances que, d’ici au spin-off, Siemens continue de vendre quelques titres SH sur le marchĂ© (il dĂ©clare 67% du capital contre 69% il y a deux mois), ce qui pèsera sur le titre de SH qui risque Ă©galement de subir, une fois le spin-off effectuĂ©, unretour de papier de certains actionnaires de Siemens. 
  • S’il est donc trop tĂ´t pour se positionner en Siemens Healthineers, le marchĂ©, post spin-off pourra se concentrer sur les fondamentaux de ce groupe bĂ©nĂ©ficiant de positions de leader dans les marchĂ©s de l’imagerie mĂ©dicale, de la radiothĂ©rapie (via Varian rachetĂ© en 2021) et dont les activitĂ©s deDiagnostics, en bas de cycle, sont en cours de redressement. 
  • Siemens se recentre donc autour de trois grands pĂ´les stratĂ©giques: Smart Infrastructure (43% du CA, offrant une exposition aux datacenters et aux rĂ©seaux Ă©lectriques), Digital Industries (35% du CA, dont l’automatisation et les logiciels) et Mobility (22% du CA, transport ferroviaire et mobilitĂ© urbaine). 
  • Parallèlement Ă  l’annonce du spin-off, le groupe a publiĂ© des rĂ©sultats T4 plutĂ´t solides (bien qu’infĂ©rieurs aux attentes dans Mobility) avec une croissance organique de 6% (consensus Ă  +5,05%) et une gĂ©nĂ©ration de trĂ©sorerie record Ă  5,3 MdE (bien supĂ©rieure aux 4,1 MdE attendus). La forte baisse du titre jeudi 13 novembre (-9,35%, mais notons qu’il surperforme toujours le DAX depuis le dĂ©but de l’annĂ©e) tient Ă  l’annonce de perspectives 2026 dĂ©cevantes (coĂ»ts d’intĂ©gration des acquisitions, effet de change nĂ©gatif plus Ă©levĂ© et plus faibles prĂ©visions de marge dans Digital Industries) et Ă  l’absence de marges cibles par division Ă  moyen terme. 
  • Le groupe aborde donc une communication conservatrice, comprĂ©hensible alors qu’il entre dans une phase de transition de son CFO. Le consensus restera probablement prudent en attendant plus de visibilitĂ© sur l’intĂ©gration logicielle (clĂ© pour la rentabilitĂ©), la monĂ©tisation de l’IA et l’allocation du capital post scission de SH.
  • A moyen terme, le cas d’investissement est intact, portĂ© par l’automatisation, la poursuite de l’expansion des marges des logiciels et l’électrification. Le groupe est idĂ©alement positionnĂ© pour fournir les solutions alimentant la rĂ©volution industrielle de l’IA : les datacenters restent un moteur clĂ© de croissance (CA +40% en 2025 Ă  comparer aux +30% de Legrand) et de visibilitĂ© avec un carnet de commandes qui s’étend jusqu’en 2027.

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