PERSPECTIVES MACROECONOMIQUES
Le mois de novembre, qui s’annonçait mouvementé, n’a pas remis en cause notre scénario global positif. Le shutdown aux États-Unis est désormais terminé et les principales publications statistiques reprennent progressivement, laissant entrevoir une économie encore robuste. La faiblesse du marché du travail ne s’est pas aggravée. Elle est principalement due à des tensions sur l’offre et à l’incertitude qui favorise le gel des embauches plutôt que les licenciements. En Europe, l’économie continue de résister. Le nouveau budget allemand, conforme au plan de relance de mars 2025, sera un moteur clé de 2026. En Asie, la crise immobilière continue de peser sur la Chine, où les statistiques récentes ont déçu. Au Japon, l‘expansionnisme budgétaire est à l’ordre du jour et cela améliore les perspectives industrielles. A l’inverse, le tourisme pourrait souffrir des tensions diplomatiques croissantes avec la Chine au sujet de Taïwan.
En décembre, nous suivrons de près plusieurs facteurs déterminants pour les marchés :
- Les prochaines réunions des comités de politique monétaire des banques centrales, en particulier celles du FED (10 déc.) et de la BoJ (19 déc.). Aux États-Unis, le ton adopté par J. Powell sera déterminant, car il pourrait donner des indications sur les baisses de taux cumulées à attendre. Au Japon, tout engagement clair en faveur de la poursuite du resserrement pourrait alimenter la chute des taux souverains mondiaux et peser sur les actifs risqués.
- La nomination potentielle de Kevin Hassett à la présidence du FED. La décision de Trump pourrait intervenir avant Noël, confirmant la rumeur et renforçant les anticipations de baisse des taux.
- La décision de la Cour suprême sur l’utilisation de l’IEEPA pour introduire des droits de douane réciproques aux États-Unis. Attendue entre fin 2025 et janvier 2026, toute décision de suspension pourrait booster la prime de terme sur les bons du Trésor à long terme.
- Le retour progressif des statistiques clés après le shutdown américain. Deux d’entre elles pourraient particulièrement peser : le rapport sur l’emploi (16 déc.) et l’IPC (18 déc.), tous deux pour le mois de novembre.
- Le budget français de 2026. Deux dates à surveiller de près : le 19 déc., date butoir de dépôt d’une « Loi Spéciale », et le 12 déc., date butoir d’adoption définitive du budget de la sécurité sociale avant un éventuel passage « en force » par ordonnances.
- Les négociations de cessez-le-feu en cours entre la Russie et l’Ukraine, sous la houlette américaine, mais qui ont peu de chances d’aboutir à court terme selon nous.
ALLOCATION D’ACTIFS
Nous maintenons inchangée en décembre notre allocation d’actifs, qui affiche des rendements positifs depuis le début de l’année. Nous conservons nos positions sur les actions et le crédit, restons attentifs au risque de change (dépréciation de l’USD et du JPY) et neutres sur l’or et le pétrole compte tenu des fondamentaux et des performances récentes.
- Sur les actions, nous continuons de privilégier les États-Unis et les marchés émergents (neutre sur l’Europe et le Japon).
–> Aux États-Unis, les valeurs technologiques restent incontournables, mais compte tenu de valorisations élevées et du risque de correction alimenté par les craintes de bulle, la sélectivité et la prudence doivent primer. Les banques (à l’exception des banques régionales américaines exposées au crédit subprime) continueront de bénéficier de la pentification, de la volatilité (revenus de trading), d’une économie robuste (faibles taux de défaut) et de la déréglementation en cours (notamment le recalibrage de l’eSLR). Les troubles géopolitiques soutiennent encore l’aérospatial et la défense. Les tensions commerciales et la polarisation (en faveur des ménages les plus riches) continuent de peser sur la consommation de base.
–> En Europe, le même parti pris en faveur des banques et du secteur de l’aérospatial et de la défense persiste. Concernant ce dernier, il convient toutefois de rester vigilant face à la volatilité, compte tenu des pourparlers de paix en cours entre la Russie et l’Ukraine.
–> En Chine, notre opinion positive n’est pas généralisée, mais plutôt axée sur la bataille en cours pour la suprématie technologique avec les États-Unis. L’accent est donc mis sur les valeurs technologiques qui sont en concurrence directe avec leurs homologues américaines, mais dont les valorisations sont plus faibles.
–> Pour finir avec le Japon : la dépréciation du Yen continuera de favoriser les exportateurs ; les banques pourraient bénéficier de marges nettes d’intérêt plus élevées (taux longs plus élevés) et les industriels (nucléaire, défense, technologie) seront stimulés par le budget expansionniste du nouveau gouvernement. - Sur les produits de taux, nous restons neutres sur les obligations souveraines, car les taux sont désormais à l’équilibre. Nous continuons de privilégier les obligations corporate Investment Grade par rapport au High Yield, compte tenu de la compression des spreads et de certaines vulnérabilités.

