Weekly Flash : Semaine 51

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1.    La Banque du Japon attend Trump.

2.    Trump & l’Europe :  Droit de douane ou achat de gaz…. Pas le choix

3.    La Fed anticipe Trump.

Chart of the week : L’Italie et l’Allemagne peuvent-il se permettre de payer des droits de douane américains ?

La Banque du Japon attend Trump

La Banque du Japon (BoJ) a décidé de maintenir son taux directeur à 0,25 % lors de sa dernière réunion de politique monétaire de l’année. Bien que certains observateurs envisagent une hausse dès janvier prochain, l’institution préfère temporiser, invoquant plusieurs facteurs pour justifier cette attente.

Lors de cette réunion, la BoJ a réaffirmé que l’économie japonaise poursuivait son redressement, malgré des fragilités locales, et que les anticipations d’inflation avaient progressé modérément. Cependant, elle a souligné la nécessité d’obtenir davantage de données, notamment sur les augmentations salariales à venir, ainsi que d’observer les premières mesures de la politique économique de Donald Trump avant de prendre une décision sur une éventuelle remontée des taux.

Ces éléments laissent entrevoir une possible décision en mars prochain. En effet, les « Shunto » — résultats préliminaires des négociations salariales du printemps — seront disponibles à la mi-mars, juste avant la deuxième réunion de politique monétaire de 2025. Tout porte à croire que les salaires des travailleurs japonais continueront d’enregistrer une hausse substantielle. Par ailleurs, la première réunion de janvier étant programmée seulement quatre jours après l’investiture de Donald Trump, il est probable que la BoJ préfère attendre le printemps pour agir.

« L’incertitude ne disparaîtra jamais. Mais avec le temps, nous disposerons de davantage d’informations que nous pourrons intégrer dans nos prévisions. Il existe un risque que nous soyons en retard si nous attendons trop longtemps », a déclaré Kazuo Ueda, gouverneur de la BoJ, lors de la conférence de presse.

Pour autant, rien ne garantit que les incertitudes liées à la politique économique américaine seront levées d’ici la prochaine réunion, ni même au-delà.

USD-YEN

Sources :  Bloomberg, Groupe Banque Richelieu



Notre avis :  Nous maintenons une sous-pondération des actions japonaises à court terme, bien que l’année 2025 puisse réserver de bonnes surprises économiques. Le Japon a récemment traversé une période d’instabilité politique marquée par des changements significatifs au sein de son gouvernement. Nous attendons une clarification de la politique monétaire de la Banque du Japon . Actuellement, le président de la BoJ, M. Nakamura, exprime des réserves quant aux hausses salariales et prône la prudence concernant le relèvement des taux d’intérêt.  Cette position pourrait affaiblir davantage la devise et entraîner des interventions abruptes pour la soutenir. Nous préférons attendre un moment plus opportun pour renforcer notre position.

Trump & l’Europe :  Droit de douane ou achat de gaz…. Pas le choix

Le prĂ©sident Ă©lu des États-Unis, Donald Trump, a averti l’Union europĂ©enne qu’elle devait s’engager Ă  acheter des quantitĂ©s « Ă  grande Ă©chelle » de pĂ©trole et de gaz amĂ©ricains sous peine de subir des tarifs douaniers.

« J’ai dit Ă  l’Union europĂ©enne qu’elle devait compenser son Ă©norme dĂ©ficit avec les États-Unis par l’achat Ă  grande Ă©chelle de notre pĂ©trole et gaz. Sinon, ce sera des TARIFS douaniers partout !!! », a Ă©crit Trump sur sa plateforme Truth Social vendredi.

La menace de Trump fait suite Ă  des propositions dĂ©jĂ  Ă©mises par Bruxelles pour acheter davantage de gaz naturel liquĂ©fiĂ©  amĂ©ricain.  Cela avait Ă©tĂ© une planche de salut pour l’Europe  après que la Russie ait rĂ©duit ses livraisons de combustibles fossiles Ă  la suite de son invasion Ă  grande Ă©chelle de l’Ukraine.

La prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne, Ursula von der Leyen, a dĂ©clarĂ© en novembre que l’UE envisagerait d’acheter plus de gaz aux États-Unis. « Nous recevons encore beaucoup de GNL de la Russie, alors pourquoi ne pas le remplacer par du GNL amĂ©ricain, qui est moins cher pour nous et fait baisser nos prix de l’Ă©nergie », a-t-elle dĂ©clarĂ© aux journalistes.

Trump a menacĂ© d’un tarif gĂ©nĂ©ralisĂ© pouvant atteindre 20 % sur toutes les importations amĂ©ricaines non chinoises. Le mois dernier, la prĂ©sidente de la Banque centrale europĂ©enne, Christine Lagarde, a exhortĂ© les dirigeants politiques europĂ©ens Ă  coopĂ©rer avec lui au sujet des tarifs et Ă  acheter davantage de produits fabriquĂ©s aux États-Unis.

Lors de la première prĂ©sidence de Trump, le prĂ©sident de la Commission europĂ©enne de l’Ă©poque, Jean-Claude Juncker, avait proposĂ© d’acheter davantage de gaz amĂ©ricain pour Ă©viter les menaces d’une guerre commerciale. 

Post de D Trump sur son réseau social

Notre avis :  La question centrale reste de savoir dans quelle mesure une potentielle guerre commerciale est déjà intégrée dans les prix des actions européennes. Actuellement, l’Europe se négocie avec une décote de 40 % par rapport aux États-Unis et a enregistré cette année la plus forte sous-performance jamais observée en termes de dollars. Pour le moment, certains fleurons industriels de la « vieille Europe » demeurent au cœur des incertitudes. Dans le secteur industriel, la perte de compétitivité est particulièrement marquée pour les segments énergivores, comme la chimie. Cette situation résulte notamment de la guerre en Ukraine et de la perte de l’approvisionnement en gaz russe à bas coût par pipeline. L’ensemble de l’industrie automobile européenne (constructeurs et équipementiers), confrontée à une transition technologique plus rapide et intense en zone euro que dans le reste du monde en raison de la mise en œuvre du Green Deal et des objectifs d’électrification du parc automobile est particulièrement vulnérable face à la concurrence chinoise à bas prix. Compte tenu du dynamisme de l’économie américaine, contrastant avec la morosité de la demande intérieure européenne, les entreprises du Vieux Continent les plus exposées au marché domestique américain bénéficient d’un avantage compétitif significatif par rapport à leurs homologues davantage orientées sur le marché européen.  Nous estimons que la détérioration des perspectives de croissance en zone euro, qui pourrait s’amplifier du fait des impacts sur la confiance de la politique commerciale à venir de D. Trump, conduira la BCE à poursuivre la baisse des taux directeurs en décembre et au cours de l’année 2025 et à adopter une politique monétaire plus accommodante en 2025.

La Fed anticipe Trump

La RĂ©serve fĂ©dĂ©rale a abaissĂ© les taux d’intĂ©rĂŞt de 0,25 point de pourcentage mais a signalĂ© un ralentissement du rythme de l’assouplissement l’annĂ©e prochaine pour rĂ©duire le taux de rĂ©fĂ©rence Ă  une fourchette de 4,25 % Ă  4,5 %, marquant une troisième baisse consĂ©cutive. La prĂ©sidente de la Fed de Cleveland, Beth Hammack, a exprimĂ© une dissidence, prĂ©fĂ©rant maintenir les taux inchangĂ©s. Les projections des responsables pour 2025 prĂ©voient moins de rĂ©ductions que prĂ©vu auparavant, reflĂ©tant leurs prĂ©occupations concernant une inflation persistante. En rĂ©ponse Ă  ces prĂ©occupations, les dĂ©cideurs de la Fed ont Ă©galement relevĂ© leurs prĂ©visions d’inflation pour l’annĂ©e prochaine, un message clairement « restrictif » de la part de la banque centrale. 

Ă€ l’issue de la dĂ©cision annoncĂ©e mercredi, le prĂ©sident de la Fed, Jerome Powell, a dĂ©clarĂ© que les paramètres de la politique monĂ©taire Ă©taient « significativement moins restrictifs » et qu’ils pourraient se montrer « plus prudents » avant d’envisager un nouvel assouplissement.  Il a Ă©galement prĂ©cisĂ© que la dĂ©cision de dĂ©cembre avait Ă©tĂ© « plus difficile » Ă  prendre que lors des rĂ©unions prĂ©cĂ©dentes. Selon lui, l’inflation Ă©volue « latĂ©ralement », tandis que les risques pesant sur le marchĂ© de l’emploi ont « diminuĂ© ». L’objectif de la Fed reste de maintenir une pression suffisante sur la demande des consommateurs et l’activitĂ© des entreprises afin de ramener l’inflation Ă  l’objectif de 2 %, tout en prĂ©servant la stabilitĂ© du marchĂ© de l’emploi et de l’économie dans son ensemble. Les inquiĂ©tudes face Ă  une inflation stagnante au-dessus de 2 % ont conduit les responsables de la Fed Ă  prĂ©voir des rĂ©ductions limitĂ©es des taux en 2025, avec une baisse totale de 0.5% qui ramènerait le taux directeur entre « 3,75 % et 4 % ». Powell a Ă©galement notĂ© que les responsables avaient commencĂ© Ă  intĂ©grer des hypothèses concernant les politiques prĂ©vues par Trump dans leurs projections.  Quatre membres envisagent soit une rĂ©duction limitĂ©e de  0.25% soit aucune baisse pour l’annĂ©e prochaine. Ă€ titre de comparaison, les projections prĂ©cĂ©dentes, publiĂ©es en septembre dans le « dot plot », prĂ©voyaient une baisse totale de 1%. 

Les prévisions actualisées de mercredi montrent que la majorité des responsables de la Fed s’attendent à ce que le taux directeur se situe entre « 3,25 % et 3,5 % » d’ici la fin de 2026, un niveau supérieur à celui anticipé auparavant. La banque centrale a qualifié les récentes réductions de taux de « recalibrage » de la politique monétaire, reflétant son succès à faire baisser l’inflation.  Powell a déclaré mercredi que la Fed entrait dans une « nouvelle phase du processus », alors que les coûts d’emprunt approchent du taux neutre. Les responsables de la Fed ont de nouveau relevé leur estimation du taux neutre, la majorité le situant désormais à 3 %, contre 2,5 % il y a un an. En indiquant que la phase de déclin rapide des taux directeurs lui semblait passée et que désormais un pas plus graduel en fonction des données sera nécessaire, ceci conditionne clairement de nouvelles baisses à des indicateurs plus favorables sur le front de l’inflation.

Taux Fed et marchés de futures

Sources :  Bloomberg, Groupe Banque Richelieu


Notre avis : Nous considĂ©rons que les craintes concernant le marchĂ© du travail se sont attĂ©nuĂ©es depuis la baisse de 0.5% et les perspectives Ă©conomiques se sont amĂ©liorĂ©es.    Dans notre dernier flash market, nous anticipions que la Fed exercerait une pression sur le marchĂ© obligataire lors de sa rĂ©union. Le recalibrage des anticipations permet dĂ©sormais Ă  la banque centrale de finaliser son travail en vue de 2025. Pour l’instant, l’absence de vĂ©ritable retournement de la politique monĂ©taire constitue en soi une nouvelle plutĂ´t positive. Les anticipations d’inflation ne repartent pas Ă  la hausse grâce Ă  la rhĂ©torique de Powell et c’est une bonne nouvelle en soi : La Fed reste crĂ©dible.

MĂŞme si les projections devraient ĂŞtre marquĂ©es par une croissance pour 2024 plus forte qu’annoncĂ© en septembre, une dĂ©sinflation plus faible cette annĂ©e, cela ne remettra pas en cause la tendance Ă  la baisse des taux.  Jerome Powell devrait avoir un discours plus hawkish pour montrer au marchĂ© qu’il reste le garant en ce qui concerne la dynamique des prix.  Le maintien des taux rĂ©el Ă  long terme au-dessus de 1.75% est sa planche de salut pour Ă©viter toute surchauffe. Concernant les taux d’intĂ©rĂŞt, notre fourchette pour les rendements des obligations Ă  long terme (entre 4,25 % et 4,75 %) reste inchangĂ©e pour les mois Ă  venir. Cependant, si les taux venaient Ă  dĂ©passer les 5 %, les actifs risquĂ©s pourraient renouer avec une dynamique nĂ©gative, entraĂ®nant des consĂ©quences significatives sur les conditions financières. Dans un tel scĂ©nario, les taux repartiraient probablement Ă  la baisse.

Nous maintenons une position neutre sur les taux américains. La hausse des rendements souverains continue de peser sur la performance en total return, tout en tirant les rendements des obligations corporate à la hausse. Nous restons néanmoins optimistes sur l’Investment Grade et le High Yield à courte duration, privilégiant le portage, soutenus par une économie américaine qui devrait rester robuste et une inflation qui convergera progressivement vers 2 %.Enfin, notre opinion sur l’USD demeure inchangée. Nous conservons une vision positive sur la devise américaine. Nous pensons qu’un différentiel de taux d’intérêt potentiellement plus élevé en faveur de la zone dollar n’est pas encore pleinement valorisé. La Banque centrale européenne devrait accompagner le ralentissement de la zone euro par une baisse des taux plus importante que ce que le marché anticipe actuellement. De son côté, la Fed pourrait observer les effets de la nouvelle politique de Trump et être contrainte de ralentir son assouplissement monétaire en cours d’année. Ce décalage entre les politiques monétaires des deux zones pourrait accentuer la pression sur l’euro et ramener le cours euro-dollar à la parité d’ici à la fin de l’année 2025.  En ce qui concerne les actions, nos perspectives restent modérément optimistes en terme tant qu’il n’y a pas de retournement de la politique monétaire. La volatilité va s’accroitre en 2025 lié principalement à la rhétorique de Donald Trump avec le risque de surenchère dans la guerre commerciale.  au crainte d’un retour de l’inflation tout au long de l’année .  Même si pour l’instant, ce n’est pas notre scénario, une autre vague inflationniste serait très difficile à endiguer à l’image de la fin des années 70 et serait très dommageable pour les marchés.

Chart of the Week

L’Italie et l’Allemagne peuvent ils se permettre de payer des droits de douane américains ?

Source : X, @econovisuals

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