Contexte pétrolier en Iran : Actuellement, l’Iran produit environ 3,3 à 3,4 millions de barils par jour de pétrole brut. (Selon l’OPEP, la production iranienne s’élevait à [chiffre à compléter] barils/jour en mars 2025). En 2023, l’Iran exportait 1,4 million de barils par jour (Mbj) de brut, principalement vers la Chine, avec des exportations totales (y compris les produits pétroliers) dépassant les 2 Mbj. Avec la réimposition des sanctions, l’Iran s’est appuyé sur une ghost fleet pour contourner les restrictions et maintenir clandestinement ses exportations. L’Iran représente 3% de la production mondiale.
Les attaques en cours entre Israël et l’Iran ont considérablement accru l’incertitude sur les prix du pétrole, en raison de la menace croissante de perturbations de l’approvisionnement et du transport dans la région. Les tensions au Moyen-Orient représentent un nouveau choc négatif pour une économie mondiale déjà fragile. L’escalade en juin 2025 liée aux frappes israéliennes a temporairement affecté les exportations iraniennes — tombées à ~100 000 bpd cette semaine — mais la production intérieure n’a pas, elle, encore subi de contraction significative.
Prix du brent

Même si nous pensons que l’impact sur l’économie restera gérable, la hausse des prix du pétrole et l’augmentation de l’inflation qui en découle constitueraient un véritable défi pour les banques centrales. La hausse du Brent reflète une prime de risque géopolitique élevée ainsi qu’une probabilité accrue de resserrement de l’offre pétrolière.
Dans ce contexte, plusieurs scénarios de choc pétrolier sont envisageables.
Dans un scénarios, les attaques cessent, mais l’Occident impose de nouvelles sanctions à l’Iran, réduisant une partie la production mondiale de pétrole. Un autre scénario serait un scénario où les attaques se poursuivent et les infrastructures pétrolières iraniennes sont ciblées, stoppant toutes les exportations de pétrole du pays. L’OPEP pourrait partiellement compenser le déficit, mais des tensions à court terme pousseraient les prix vers 90 dollars le baril. (Ce deuxième scénario représente environ 3 millions de barils/jour, soit la quasi-totalité de l’offre iranienne.) La Fed reporterait probablement ses baisses de taux jusqu’en 2026.
Dans la zone euro, l’impact serait plus marqué, entraînant une stagnation économique jusqu’à la fin de l’année. Ce contexte pourrait inciter la BCE à ignorer la hausse modérée de l’inflation et à poursuivre les baisses de taux en 2025.
Un scénario très défavorable serait que l’Iran tente de bloquer le détroit d’Ormuz, interrompant les exportations de pétrole du Koweït et du Qatar, et réduisant fortement celles de l’Irak, des Émirats arabes unis, d’Oman et de l’Arabie saoudite. Le Brent grimperait jusqu’à 130 $/baril avant de redescendre une fois le détroit rouvert, mais une prime de risque durable resterait intégrée au prix. Environ 20 % du pétrole mondial passe par le détroit d’Ormuz, seule entrée maritime vers le golfe Persique.
Détroit d’Ormuz

L’inflation américaine pourrait alors culminer à près de 6 %. Dans la zone euro, elle pourrait atteindre presque le double de l’objectif de la BCE (source : Oxford Economics). Une hausse aussi marquée pourrait contraindre les banques centrales à retarder de nouvelles baisses de taux jusqu’au début de 2026, afin de limiter le risque d’effets de second tour.
Nous pensons actuellement que l’enjeu pétrolier est le principal catalyseur des marchés à court terme, et constitue une des couvertures naturelles face au risque géopolitique actuel.