Radar de la Semaine – Semaine 40

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  1. General Electric : la renaissance du conglomérat industriel le plus emblématique des Etats-Unis
  2. BNP Paribas, l’amende qui ravive le spectre du risque juridique

ACTIONS AMÉRICAINES

General Electric : la renaissance du conglomérat industriel le plus emblématique des Etats-Unis

  • En septembre 2025, le cours de bourse de General Electric dépasse son plus haut historique atteint 2000. Le 21-10-25, la publication de ses résultats confirme son retournement initié en 2018.
  • Fondé en 1892, General Electric fait partie des sociétés les plus anciennes des Etats-Unis. Il a été parmi les membres originaux de l’indice Dow Jones en 1896, puis membre de cet indice en continue entre 1907 à 2018. GE a été un acteur de premier plan dans moult révolutions technologiques tout au long du XXème siècle : ampoule incandescente, locomotive électrique, machine à rayon X, électroménager, turbines… GE a également connu l’euphorie boursière en 2000 alimentée par son emblématique PDG Jack Welch. En 2000, GE avait la 2ème plus grosse capitalisation boursière du S&P500 après Exxon. Entre 2000 et 2018, GE est un conglomérat tentaculaire où le management alloue mal le capital et où GE subit la compétition et la dépression sur plusieurs de ses marchés finaux (turbines à gaz, locomotive, équipements et services pétroliers, assurance et finance).
  • Quand Larry Culp, le premier PDG n’ayant pas fait carrière chez GE, a repris la direction et la présidence de GE en 2018, le groupe brulait 1.6 Mds$ (FCF), avait un endettement net de 39 Mds$ et venait de quasiment diviser par deux son dividende. Le titre s’échangeait au plus bas à 32$. En 2025GE Aerospace, leader sur les moteurs d’avion, nouveau nom de GE après les spinoff de GE Vernova et de GE Healthcare, devrait générer un FCF de 7 Mds$. Son cours de bourse a été multiplié par 9.5x en 7 ans et a progressé de 82% depuis le début de l’annéeLe 21-10-25, GE Aerospace a publié un chiffre d’affaires de 30,5Mds$, un FCF de 6 Mds$ sur les 9 premiers mois de l’année 2025, en hausse de 21% et 27% respectivement.
  • Cette publication démontre que GE continue de bénéficier des fruits de la restructuration de Larry Culp, de profiter de la croissance de l’aviation civile et militaire, et surtout du succès commercial de ses moteurs CFM56 et LEAP co-développés avec Safran, un des produits industriels les plus rentables au monde.
  • Aujourd’hui la génération de cash provient principalement de la maintenance des moteurs CFM56 installés depuis le début des années 1980. Les choix techniques de GE et Safran se sont avérés plus judicieux que ceux de Pratt & Withney (groupe RTX), son seul concurrent pour les avions monocouloirs modernes. Le LEAP domine la motorisation des modèles A320neo (Airbus), 737MAX (Boeing) et demain C919 de COMAC (chinois). Disponible depuis le début des années 2010, la durée de vie commerciale du LEAP devrait courir encore plusieurs dizaines d’années grâce à des contrats de maintenance lucratifs. Pour 1$ de moteur vendu, GE et Safran espèrent 3,5$ de chiffre d’affaires en service durant 20 ans. Pour autant, GE et Safran ne se reposent pas sur leurs lauriers : ils développent leur prochain moteur. Son entrée en service est prévue vers 2035. Il devrait générer une économie de carburant de 20% par rapport au LEAP.

ACTIONS EUROPÉENNES

BNP Paribas, l’amende qui ravive le spectre du risque juridique

  • BNP Paribas a été condamné, par un jury populaire de New York, à verser près de 21 M$ de dommages et intérêts à trois réfugiés soudanais pour des transactions, orchestrées par son bureau de Genève, qui avaient indirectement financé le régime d’Omar el-Béchir au Soudan entre 2002 et 2008.
  • Si cette décision semble faire écho à l’amende gigantesque (9 Md$) que le groupe a subi en 2014 pour avoir effectué des opérations en dollars avec Cuba, l’Iran et le Soudan sous embargo américain, l’affaire actuelle est à un autre niveau de juridiction. La partie réglementaire liée aux sanctions américaines est actée depuis 2014 mais les actions civiles ont été rendues possible en 2019 par la Cour d’Appel américaine et une décision de 2024 autorise les principales plaintes à aller jusqu’au procès. Il ne s’agit donc plus ici de poursuites pénales mais d’un litige privé. BNPP s’étonne que des preuves essentielles n’aient pas été présentées lors de cette première instance et va faire appel. Le verdict reviendra à trois juges et BNPP plaidera l’application du droit suisse (le gouvernement suisse lui-même a confirmé que la responsabilité recherchée n’avait pas de base légale). 
  • Le titre BNP Paribas a lourdement chuté (-15% en 3 séances), le marchécraignant que cette décision n’encourage les milliers de réfugiés soudanais aux Etats-Unis à engager des actions similaires, collectives ou non. Il semble impensable, selon BNPP, d’extrapoler l’amende actuelle aux quelques 20 000 plaignants potentiels (qui devront vraisemblablement être traités au cas par cas), néanmoins un article Bloomberg envisage une amende de 10 Md$ (scenario où chacun des plaignants recevrait donc 500K$), soit l’équivalent de la destruction de capitalisation enregistrée depuis la condamnation.
  • Malgré l’assurance affichée par le groupe, il est difficile d’évaluer leurs chances de gagner en appel ; ce litige remet donc clairement en cause la visibilité du cas d’investissement.
  • Une telle controverse augmente le coût des fonds propres (risque juridique et réputationnel) et ravive les réflexions sur le niveau minimal d’adéquation des fonds propres qui est déjà plutôt bas par rapport à certains comparables (objectif de Core Tier 1 de 12% en 2025 et 12,5% en 2027). Une amende de 10 Md$ (impactant de 1% le Core Tier 1) les ferait passer sous leur objectif. L’une des mesures envisageables pour renforcer le niveau de fonds propres serait alors la suppression de leur programme de rachat d’actions, voire descessions d’actifs
  • Malgré une actuelle valorisation très attractive (Price to Book 2025 de 0,65x, au même niveau que Société Générale qui a pourtant un rendement des capitaux propres tangibles, ROTE, inférieur), le titre n’est-il pas ‘dead money’ jusqu’à la décision de l’appel (pas avant plusieurs mois)? D’ici là, le cours de bourse demeure tributaire d’un newsflow potentiellement négatif (éventuelle class action, délais de l’appel, provisions..).
  • Dans un contexte de dégradation de la note souveraine française n’aidant pas à l’attractivité des banques domestiques, il nous semble que le titre risque de manquer, à court terme, de catalyseurs qui lui permettraient un rerating. Il faudra certainement attendre un ‘clearing event’ avant que les solides fondamentaux ne se reflètent de nouveau dans la valorisation.

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